Portée par la Graduate School Transbio de l’Université Marie et Louis Pasteur, en partenariat avec le CENAREST, cette école d’été a offert une immersion interdisciplinaire inédite, à la croisée de l’écologie, des sciences sociales et des savoirs locaux.

«Cette initiative est bien bénéfique pour le Cenarest et ses partenaires, mais surtout pour le gouvernement gabonais en matière de prise en compte des connaissances locales dans la prise de décisions. Je souhaiterais que ce genre d’initiative soit reliée par divers partenaires et que, de façon pratique, la recherche soit au cœur des préoccupations des communautés locales», souligne Christian Mikolo Yobo, conseiller scientifique et technique au Cenarest.

Une formation croisée entre sciences, terrain et traditions

Coordonnée par le Pr François Bretagnolle (UMR Biogéosciences,CNRS-Université de Bourgogne-Europe), l’école d’été a combiné des enseignements théoriques et des enquêtes de terrain dans plusieurs villages, grâce à une équipe pédagogique franco-gabonaise, camerounaise et congolaise mobilisant écologues, sociologues, anthropologues, ethnologues et linguistes. Les cours ont couvert quatre grands axes :

• Anthropologie, sociologie et ethnologie : analyser les dynamiques sociales liées à l’usage des ressources forestières
   
• Écologie fonctionnelle et santé : comprendre les interactions entre humains et écosystèmes tropicaux
   
• Linguistique : explorer la transmission des savoirs écologiques à travers les langues locales
   
• Méthodologie d’enquête participative : préparation des questionnaires, collecte éthique des données, consentement éclairé

Trois grandes thématiques d’enquête scientifique

Pendant deux semaines, les étudiants ont mené des enquêtes participatives dans les villages de Loua-Loua, l’Etaka-Nyabé, Ebessi & Tsibelong et Messeb, explorant les dynamiques sociales, les relations entre humains et écosystèmes tropicaux, et la transmission des savoirs écologiques à travers les langues locales. Trois thématiques scientifiques majeures ont guidé les entretiens :

1. Interactions arbres-frugivores

L’objectif était d’identifier, à travers les savoirs locaux, les espèces animales qui consomment les fruits d’arbres spécifiques (calaos, touracos, mandrills, chauves-souris, antilopes…), contribuant ainsi à la régénération de la forêt.

2. Automédication animale

Une approche originale visant à comprendre comment certains animaux (gorilles, chimpanzés, éléphants) utilisent leur environnement pour se soigner.
 « Nous nous sommes demandé de quelles maladies souffrent ces animaux, comment ils se soignent, et si d'autres les assistent. On a découvert des connaissances locales très intéressantes sur ces comportements », explique le Pr François Bretagnolle.

3. Pharmacopée traditionnelle

Les étudiants ont interrogé les habitants sur l’utilisation des plantes médicinales, en particulier pour soigner les maladies de la peau et digestives, et comprendre la diversité des pratiques de soin fondées sur les ressources forestières.

« Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la rencontre avec les villageois Ils concentrent une grande partie des savoirs locaux — ce sont des maillons essentiels pour mieux comprendre les dynamiques écologiques de la forêt. » précise Charles LEBON, étudiant à l’Université Omar Bongo en spécialité écologie fonctionnelle.

Une restitution au cœur des communautés

Les résultats des enquêtes ont été restitués directement aux chefs de village et aux habitants, dans un esprit de transparence et de partage des savoirs. Selon le Pr François Bretagnolle, coordinateur de l’école, cette initiative vise à rapprocher sciences écologiques et sociales des réalités de terrain : «L’objectif était de transmettre aux étudiants le goût d’interroger les populations locales sur leurs savoirs. »

Les observations menées sur la faune ont mis en évidence des pratiques d’automédication animale. Les gorilles, chimpanzés et éléphants utilisent diverses plantes – feuilles de Moabi, Nkumu, Odika, canne à sucre, manioc ou encore argile – pour soulager douleurs digestives, parasites, fièvres ou blessures. Ces comportements inspirent certaines communautés dans la composition de leurs propres remèdes traditionnels.

Une présentation officielle a également été organisée à Libreville le 31 juillet, en présence des partenaires scientifiques et institutionnels.

One Forest Vision : valoriser la recherche et les acteurs du terrain

Engagée dans la valorisation de la science en Afrique centrale, l’initiative One Forest Vision a accompagné cette mission sur les volets logistique, communication et médiatisation.

L’équipe a produit :

• 5 portraits croisés d’étudiants, filmés en forêt et lors des enquêtes terrain
   
• Une vidéo documentaire de 6 minutes valorisant la station d’Ipassa et l’importance des écoles de terrain,
   
• Une couverture presse multi-supports, relayée sur LinkedIn, WhatsApp, YouTube et par les médias partenaires.
   

Ecole d’été à Ipassa : un modèle à pérenniser

Cette première édition illustre parfaitement la mission portée par One Forest Vision : faire dialoguer sciences, territoires et sociétés pour mieux comprendre et préserver les forêts d’Afrique centrale.

Elle constitue une base solide pour de futures éditions, avec l’ambition de renforcer encore davantage les liens entre savoirs endogènes, recherche académique et coopération internationale.

Revue de presse

One Forest Vision : 40 jeunes formés aux enjeux sociaux et écologiques (Gabon Média Time, 31 juillet 2025)

Gabon/École d’été Transbio à Ipassa : les savoirs animaux inspirent les pharmacopées locales (Agence Gabonaise de Presse, 31 juillet 2025)

École d’été à Ipassa : science, savoirs locaux et forêt tropicale en synergie (Gabon Review, 31 juillet 2025)

École d'été : des étudiants français et du Bassin du Congo en immersion à Ipassa (L’UNION, 5 août 2025)

Publication à venir :

Reportage /Vlog : publication programmée le vendredi 5 septembre sur les ondes RFI : radio et leur site internet (RFI, 05 septembre 2025)